Troisième partie – Lisbonne – Cadiz. « T’inquiète, Flo, une fois que t’auras tourné à gauche, tout change».
Caraï ! Même les prix des marinas…
Lisboa, la ville des poètes, du tramway qui grimpe les montagnes, de la Torre de Belem (dans une bouche de lusophone, ça donne à peu près B’leym… ), des grands voyageurs en partance poussés par les alizés, mais aussi la ville des quartiers populaires d’Alfama, le véritable hub urbain Caïs de Sodre – gare de metro, de train et station de bus qu’on avait déjà connu à force d’y venir un câble de 10mm sous le bras – des rives du Tage, ou reposait tranquillement un Mousquetaire Club en cours de restauration. Lisbonne et tout le Tage, c’est une destination de croisière à part entière. Vous filez vers le fond, vers la Marina Parque de Naçoes, ou vous longez la rive sud (la gauche, celle de la statue qui rappelle Rio – « quand on monte la-haut »), et si ça ne vous plaît pas, vous filez au fond du bras du Tage qui remonte du sud, vers le port de pêche de Seixal. Vous plantez la pioche dans la vase de l’estuaire et vous filez manger une dorade grillée. Ou des sardinhas, selon les envies… On n’a pas eu le temps de le faire, pressés comme on l’était d’arriver en Algarve, mais on a proposé à Adi, notre équipier pour une semaine, de traîner un jour de plus. « Îmi convine perfect » (ça me va parfaitement) m’a-t-il répondu, dans son roumain souriant de petit gars de Bucarest, arrivé à bord avec un regard d’enfant devant un sapin de Noël. « Ce garçon me plaît », j’ai pensé, tout de suite après ce bref échange de propos. On a embouqué le Tage, depuis la forteresse Sao Juliao, et on a pris, tout d’un coup, plein les yeux. De Cascais à Oeiras, la veille, on avait déjà eu un bref aperçu, mais là… Woauw !
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On est passés le long de la Torre de Belem avec les yeux écarquillés, a voir ce symbole de tant de découvertes maritimes. On a vu la statue des navigateurs, œuvre particulière mais qui interpelle et parle aux marins des marins. On est émerveillés devant ce front de mer beau comme un plat de « Bacalhau à la Gomes de Sà », alors que tout d’un coup, un trois-mats portugais nous passe devant, toutes voiles dehors, vers la sortie du Tage, comme des milliers de ses comparses ont du le faire il y a à peine une cinquantaine d’années, pour chercher ce même bacalhau sur les bancs de Terre Neuve. Anita Conti en est témoin, elle qui racontait dans les années 50 que sur les ondes radio, lors d’une des dernières campagnes de la Grande Pêche au Grand Nord qu’elle a pu suivre, on entendait surtout parler les pêcheurs portugais ou basques.
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mardi, 31 juin, 09h30, Lisboa, Doca de Alcàntara Lat 38 42.1035 N, long 9 10.1556 W
Météo du matin, sur ZyGrib. Nébulosité 86 %, possibilité de précipitations. Vent du NW 8-10nds, forcissant 12 à 15 et tournant NNW en journée, 15 à 17nds en soirée. Grand soleil après 15h. Route théorique pour Sesimbra – après la bouée verte N° 1 route au plein sud sur le Cabo Espichel (175-180°), ensuite plein Est (88-90°). La réalité sera un petit peu différente, mais pas tant que ça…
A 13h15 on s’approche d’Espichel à la vitesse grand V d’environ 6,5nds. Le vent nous aide bien, et le courant portugais qui pousse au sud est avec nous. On a déjà calculé qu’il faudra empanner après Espichel, mais il faudra une super stratégie d’arrivée pour savoir à quel moment – je n’ai pas envie de faire des dizaines de virements, ce qui me plairait est une manœuvre et ensuite de filer sur un seul bord jusqu’en face de Sesimbra. La bizarrerie de ces eaux fait qu’en tenant un cap GPS (je ne te parle même pas du compas magnétique, c’est le bordel total) de 165° on fait du 180°, alors je prolonge le plaisir. Faut dire que plaisir il y a, sous le soleil (oui, oui, exactement) a se faire pousser les fesses à 6,5noeuds et a surfer gentiment sur les vagues. Bondieu, j’espère arriver dans le port avant que la nortada se mette a fond au boulot, il paraît que des hauteurs de Sesimbra il y a de ces rafales catabatiques qui descendent… Bon, ça y est, on vire. Adi, fais gaffe, tu le feras avec moi. Aglaïa, tu suis quand même le mouvement, au cas ou j’aurais besoin d’aide ? 14H20. Bon, c’est prêt ? On empanne… NICKEL !
Le souci, ce fut après. Devant le port, une ligne balisée par deux balises jaunes, de celles qui montrent aussi les filets au thon, ou les cables sous-marins. Passe-moi la VHF, Aglaïa. « Marina Sesimbra, Marina Sesimbra, this is Sailship Roz Avel, do you read me ? Over ! ».
Marrant, quand même, de trafiquer à la VHF en anglais. Heureusement que je parle anglais… faut dire que mon portugais est un peu laborieux, pour l’instant, et que la génération 30-40 ans ne parle pas souvent le français. Bon, on s’en fout, ça répond.
« J’aurais besoin d’une place pour la nuit, est-ce que c’est possible ? » « Quelle est la longueur de votre bateau ? » « 13m » « C’est OK, vous rentrez dans le port et le mRinero vous montrera la place. » « Moito obrigado ». Et ces putains de bouées jaunes ? « Marina Sesimbra… » Je pose la question qui nous brule les lèvres. « The yellow buoys in front of the entrance, can we pass through ? » « Well… well… I think you can… ». En attendant, une demi-douzaine de pêcheurs de Sesimbra, dont certains bien plus longs que deux Roz Avel réunis, passent allègrement entre les machins… bon, je crois aussi que c’est possible…
Rentrée dans le port, les bouts des pare-bats entre les dents. Ça y est, la nortada est sur mon dos. Et c’est clair, aussi bien Nick Ellis que le guide Imray l’ont dit, les rafales tournent autour de 27-30nds. Chiant, quoi… Le marinero me montre une place. Il aurait pu choisir plus cool… deuxième après l’entrée, après un gros bateau bizarre, des rafales latérales du mauvais coté, celui ou le pas d’hélice m’envoie directement dans un Océanis 441 flambant neuf… du premier coup, ça ne rentre pas. Deux coups d’hélice plus tard je me présente pile dans l’axe de l’espace entre les cat-ways. Un coup de bourrin, une rafale. Ça ne le fera pas. « Mets du gaz » me dit l’armatrice. « Ben tu vois que ça ne passe pas… je refais un tour. » On y va, dans le mauvais sens, celui ou il me faut deux longueurs de bateau pour pouvoir tourner. Bref, on revient à la charge. Le marinero a l’air stoïque, il en a vu d’autres. On se remet dans la passe. « Mets du gaz, j’te dis. » J’y vais, j’en ai marre et je sais que ça ne sera pas mieux plus tard, ou alors faut attendre neuf heures du soir. Et scrrrraaaaatch… « Tu fais chier, on a rayé la coque, tout du long ! ». « Ben t’avais qu’a mettre les pare-batts mieux que ça » dit le capitaine, de mauvaise foi comme d’habitude. Ça y est, l’engueulade commence. N’empêche que là, la belle peinture de chez Adolfo Gallego est bien esquintée… tant pis, on fera ça un jour, comme l’étrave.
Adi fait le juge de paix. « Allez, on va en ville et on verra tout ça plus tard. »
Un tour dans Sesimbra nous met de meilleure humeur. Ville de pêcheurs, mais ville touristique aussi. Des petits restaurants traditionnels se mélangent aux lieux plus sophistiqués, des maisons anciennes typiques du nord-Portugal aux constructions des années 70-80 – un front de mer bigarré et hétéroclite, l’intérieur de la ville magnifiquement portugais et les petits bars des hauteurs de la ville donnent envie… dommage, ils n’acceptent pas que Gin rentre avec nous. Alors on se rabat sur la terrasse d’un papy, « t’as vu, en bas, celui qui avait le menu sur une ardoise, écrit maladroitement, avec le bacalhau à 7,5€ ». Y a plus de bacalhau ? Bon, ben tant pis, ce sera ne dorade, un verre de vinho verde et puis au lit. Les caracois, Adi, tu les auras plus tard.
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Mercredi, 2 juillet, 7h30, Sesimbra (qu’on doit prononcer SeZimbr’, pour se faire comprendre) Lat. 38 26.3394 N, long. 009 06.5741 W
Météo de ZyGrib, la veille au soir. Vent 9-15nds du NE, nébulosité 3,8 %, quelques gouttes possible. Tournant NNW 16-17nds autour de midi
forcissant 20nds à partir de 14h, faiblissant après 20h. Temp. 16° le matin, 20° dans la journée. Visi. >10nds, Baro 1015.
Départ théorique pour Sines, changement de cap pour Setubal aux alentours de 9h30
Départ en fanfare pour Sines, une trentaine de miles plus bas. Le vent nous pousse allègrement dans la mauvaise direction. Sur la fausse panne, les moins de 8 nœuds font battre les voiles, et on sent d’ici qu’on va etre devant Sines, au milieu des cargos, en pleine nortada. Les gars, si on allait dans la baie de Setubal ?
Troia Marina, partenaire avec nos amis de Porto, nous font 20 % de remise. Ca devrait aller, non ?
OK, c’est parti. La route longe ce que Nick Ellis appelle « one of the most dramatic anchorings in North Portugal ». Le mouillage de Portinho de Arrabida s’étire sous une falaise impressionnante. Le souci, c’est qu’il y a un banc de sable qui barre l’accès, qu’il faudrait avoir une carte détaillée du lieu, récente si possible, qu’il faudrait avoir un tirant d’eau de 1,50 comme le Bavaria de Nick Ellis, qu’il faudrait avoir un peu plus de courage et s’y présenter au bon moment de la marée. Moi, ce matin, rien de tout ça, alors on emprunte le chenal de la Ria de Setubal. Attention les gars, a pas rater les premières bouées – la grande étendue d’eau devant nous mesure moins de 1,20 à marée basse. Et nous, on y est presque, à marée basse… on s’y est présentés en début de flot, pour monter avec le courant dans le dos. Donc au moment ou on voit les chiffres du sondeur baisser dangereusement, je me dis « merde, gars, fais gaffe ! ». Je regarde un peu autour, j’étais en train de filer à droite de la première verte… Vite, un coup de barre, et le problème est réglé.
Pour le reste, on est au Portugal, magnifique et décrépit, un superbe établissement balnéaire sous la forme d’une extension d’un superbe château surplombe le chenal d’entrée dans la Ria et 500m plus loin, une horrible cimenterie envoie sa poussière sur le plan d’eau. La montagne est superbe, mais les cargos rouillés qui font relâche dans le très actif port de commerce qui est Setubal passent au ras du château… « Est-ce qu’on aura tous les deux de la place ? » se demande l’équipage, les yeux sur la masse d’acier qui déboule, derrière un petit bateau pilote… et ça passe. Ouf !
Derrière une plage immense, coté tribord, sur la rive d’en face, Troia Marina. Moderne, devant des immeubles « design », la voix dans la VHF m’indique le ponton d’attente. On va aux bureaux. Une fois la douloureuse (assez salée – 49€ après déduction de la remise, quand même) payée, le marinero nous propose une place juste en face. Encore une fois, demi-tour sur le mauvais bord… bon, on y est, la marina est large… le gars nous attend sur le ponton, nous fait signe, avance, capitàn, avance, Aglaïa saute sur le ponton avec la « cravate »à la main, avance capitàn… MERDE ! L’ANCRE !
A la barre, impossible de voir que juste devant l’étrave, l’ancre de Roz Avel était en train de défoncer la borne électrique du ponton… et ce gosse qui me disait d’avancer… Bon, pas grave, avec Adi, on sort une trousse de tourne-vis, les gosses se précipitent avec deux ou trois lattes pour remplacer les bouts cassés du ponton, la borne remise à la verticale en 10 minutes est à nouveau opérationnelle. Désolé les gars…. No problema capitàn, ça arrive… Les portugais sont tellement gentils…
Troia Resort est une petite station balnéaire ultramoderne, pour portugais friqués et touristes scandinaves. Tout ce qu’on déteste (pas les portugais et les scandinaves, quand même). Et pourtant, une fois dépassé le dernier immeuble aux longs balcons en verre, une zone lagunaire s’étend, qui va nous accompagner le long de la côte presque jusqu’à Sines, demain matin. Un petit plan d’eau, une énorme zone humide, une superbe dune qui la sépare de l’océan, et nous voilà, Gin et moi, dans un univers en totale rupture avec les hôtels et appartements touristiques qu’on vient de laisser derrière nous. On se régale a se balader entre les pins et les roseaux (surtout moi) et a trimbaler des bouts de bois longs de deux mètres dans la gueule (surtout Gin). Allez mon gars, il est temps de se coucher. Demain, on a une belle tranche de nav a faire.
Quelques petites courses. Adi nous régale d’un magnifique risotto aux funghi porcini, agrémenté par des copeaux d’un morceau de parmesan qu’il a apporté lui même, de Parme, ou il travaille « pour que les agents de la commission européenne puissent aller sur FaceBook tranquilles », comme il m’a dit un jour. Si ce n’est pas l’équipier parfait, ce garçon , j’m’y connais plus…. Allez, dodo !
Jeudi 3 juillet, 10h00, Troia Marina, baie de Setubal, Lat. 38 29.6927 N, long. 08 54.2963 W. Setubal, c’est Chtoubàl, avec le « l » portugais à moitié avalé… sinon, ça ‘l’fait pô !
Flux faible 4-7nds du NNW, faiblissant 4nds en fin de matinée. WNW en debut d’après-midi, forcissant 10-14nds puis 15-18nds en soirée. Mer belle, visi >10Nm, baro 1020. Cap théorique après la sortie du chenal de Setubal – env. 190°. Route au moteur pour sortir du chenal, puis GV+GSE. GV-1ris +GSE 85 % ris en soirée
La sortie paisible du chenal de Setubal (ah, la belle bouée verte qu’on a failli passer du mauvais coté hier soir… « cuidado ! ») présage une journée de navigation paisible. Ce ne sera pas tout à fait le cas, mais grâce aux qualités nautiques de Roz Avel et à la maîtrise de son super équipage on fera une descente tout schuss jusqu’à la cité de Vasco de Gama.
Tout le long des falaises de la « Mar de Sines », les interminables plages continuent sans interruption. Heureusement qu’on a coupé tout droit, sinon il y aurait de quoi s’endormir. Juste qu’à un moment donné, les surventes à plus de 15 nœuds sont de plus en plus fortes. Roz Avel avance à 6,5nds, sous régulateur (qui a, somme toute, un peu de mal) et moi, j’avance la couleur. « Dès que je vois 20 sur l’anémo, on prend un ris. D’ac, armatrice ? » « Ça marche, capitaine. »
Tiens, un petit voilier devant nous… on va le gratter ? On va le gratter. On y mettra une heure… On aura le temps de l’analyser à loisir, de le prendre en photo sous toutes les coutures, de dos, du coté et ensuite de face… Pas si petit que ça, finalement. Tiens, il a un ris (au moins) dans la GV… et un peu moins de génois. Deux personnes à bord. Coucou… Des anglais, Red Ensign. Ils ont l’air sympa… Ca y est, on les a passés. Bon, on avance encore un peu et on le prend, ce ris ?
Aglaé saute sur le rouf, monte en pied de mat et moi, je mets Roz Avel au bon plein. Notre amie la houle, bien gonflée cet après midi, nous secoue bien, à cette allure. « Tu t’accroches bien, dis. Et tu fais vite. » « Oui, oui. » A chaque fois j’ai l’impression d’être un maître d’école devant une classe de gamins turbulents et hyperactifs. Il y en a bien un qui dit au prof, d’un air absent « oui, oui » tout en continuant a faire ce qu’il veut. Bon, on se le prend, ce ris ?
Roz Avel avance à la même vitesse, mais le confort est tout autre. On est moins ballottés et le régulateur fait plus facilement son travail. Ce brave Heidi, un Hydrovane, est excellent à toutes les allures jusqu’au travers, a condition qu’on avance à plus de 4 nœuds sur le fond. Aux allures portantes, c’est une tout autre histoire. Je n’ai pas encore fini d’essayer des options, des réglages, des combinaisons de voilure, mais une chose est certaine – il est très sensible au réglage des voiles. Tiens, je mollis un peu le hale-bas… yess !!!
Cabo de Sines en vue. On commence une approche, un peu plus lente, a longer une immense digue qui abrite ce grand port pétrolier. Des tankers a n’en plus finir, et cerise sur le gâteau, quelque gros bateaux de pêche. Plein de gros machins en ferraille au mouillage ou en approche… Nick Ellis nous avait prévenu, c’est un port de commerce très actif, et il en est tout autant pour la pêche. Slalom entre les deux pétroliers par ci, attention au bateau pilote par là… tu l’as vu, le vert, qui déboule du sud ? Attention, tu te souviens, la digue est prolongée par un reste d’ouvrage cassé par les tempêtes, avec une bouée en bout… surtout pas couper le fromage de ce coté-là.
Le port de plaisance est caché dans une anfractuosité de la côte, un peu au SE des infrastructures du port pétrolier. Une jolie petite baie, derrière deux petites digues-abri, au nord-ouest – mouillage sur ancre et corps-morts (majoritairement réservé à la pêche locale) et au sud-est, les pontons de la marina. Des gars s’affairent sur des pontons, on cause à la VHF en anglais, on nous fait de grands signes, on exécute un parfait 180° le cul à 10m du ponton carburant et nous voilà amarrés. Parfait, mon cher équipage. Merci, capitaine. Ça mérite un tour chez Dom Vasco, tout ça…
Papiers, capitainerie, carte d’accès aux pontons, pas cher, Sines, plus que raisonnable au vu de la qualité des prestations, allons-y, faisons un tour en ville, acheter des vivres… Supermercado ? A trois Km. Ah bon… En rentrant au bateau, on croise un couple d’anglais. Tiens, les gars du bateau qu’on a doublé tout à l’heure… « Si vous avez envie passez au bateau, qu’on vous file les photos qu’on a pris de vous… c’était joli a voir, dans la lumière de l’après-midi. Vous aviez de l’allure. Nous, après, on a pris un ris. Ma limite, c’est 20 nœuds. » « Moi aussi, mais un peu plutôt. Ma limite à moi c’est 15… » C’est s/v Alibi, un voilier fabriqué en Afrique du Sud, mené tranquillement par un couple fort sympathique. « Vous allez ou ? » « On essaie, lentement, d’arriver en Med… mais on n’est pas pressés. » Ils ont hiverné, comme nous, en Galice, mais de leur coté, c’était dans le nord, à Viveiro. Problème de moteur, aussi, mais plus sournois… bactéries dans le gasoil. « Et Viveiro ? » « Ben… on a appris a l’aimer » me dit la dame… sounds so british, doesn’t it ?
On monte dans la « fortaleza » locale, on traverse la vieille ville et on se trouve dans une succession de maisons blanches, mélange ibérique d’architecture quelconque des années 50 et de petites maisonnettes de pêcheurs. On se fait insulter par un chien jonché sur le toit d’une maison, guidés par quelques vieux qui n’en savaient rien, on finit par trouver le Lidl local (OK, je vous dirai que Lidl, c’est pas Pingo Doce, que l’on y trouve les mêmes pâtes, boites de conserve et têtes d’ail provenance Argentine qu’en Bretagne Sud, mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a). Peu importe, demain, on file. On aurait bien aimé rester un peu…
Dom Vasco doit nous regarder de travers. Il est présent partout, dans cette bourgade dont son papa était le maire, il y tient rue, bistrot, tasca, magasin de souvenirs et gargote à sardinhas. Je me surprends a imaginer le grand voyageur portugais atterrir dans la baie de Sines et redécouvrir les lieux, quelques siècles après ses voyages… Il serait sûrement surpris.
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Demain, grosse étape, 62 milles, dans la partie de côte la plus exposée à la nortada. Aucune alternative d’amarrage avant la fin, et l’ogre du coin, Sao Vicente, nous attend avec la batte de baseball dans la poche de son calcif. On part de Sines au petit matin, aussi tôt qu’on pourra le faire, et on descend jusqu’à la Ponta de Sagres – il paraît qu’il y a un mouillage bien, juste derrière. Alternative (un demi-mille après) – le petit port de pêche de Baleeira, pas de marina, mais un bon mouillage (mais j’ai vu des cailloux sur la carte, un peu partout, j’aime mieux Sagres, c’est propre). Allez, dodo. A’d’main.
Vendredi, 04 juillet, Sines Marina, Lat. 37 57.0361 N, long. 8 52.1244 W.
Météo de ZyGrib, jeudi soir : lux faible du N env. 10Nds, forcissant 11-12 nds et tournant NNW vers midi. Rafales à 20nds en soirée vers le Cap.
Mollissant dans la nuit et tournant N. Mer peu agitée,, visi >10milles, faibles pluies possibles en matinée, soleil ensuite. Baro 1019.
L’équipage est vaillant, mes gars, le plus fainéant de la tripulacion est l’officier de sécurité. Faut dire qu’en ce moment, avec les amis qu’on se fait partout, il a peu de boulot. Bref, à 8h30 pétantes nous quittons à regret le port de Sines, pour faire cap vers le Cap. Le seul, le vrai le grand. Celui dont parle Alain, notre amis de Video Bleue, quand il dit dans un de ses SMS qui nous aident à positiver « courage, vous allez voir, une fois que vous tournez à gauche, tout change ». On me l’a bien dit, tu passes le Saint Vincent – plus rien n’est comme avant… oui, oui, je sais, c’est facile…
Comme d’hab, la météo constitue une vague indication sur le temps qu’il fera. Sur le coup de 10h40, deux bonnes heures après le départ, nous sommes toujours sous GV et moteur, Perkie ronronne de ses 2000 tours habituels, on avance à 7 nœuds sur le fond et l’ETA (vous vous souvenez de mon cours d’abréviations maritimes du précèdent billet?) est à 18h30. Ça, c’est bon, vous me direz… mouais, 18h30, le créneau favori de la nortada, là ou ils annoncent des rafales à 20 nœuds. ZyGrib = tu dois compter sur trois nœuds de moins dans le petit temps et jusqu’à dix de plus dans la baston. Donc on doit s’attendre à des claques à 30 nœuds aux alentours du vieux papy Vicente… ça promet !
J’ai des problèmes de conscience avec l’électricité. Comme tout marin de grand voyage, je rêve de mouillages forains à n’en plus finir (et gratis, qui plus est), de lagons à eau turquoise et tu comptes les poissons multicolores par milliers sur le fond, que tu peux voir parfaitement à 7-8m en dessous. Le souci est que les petits paradis terrestres n’ont pas de prises de quai standard européen. Les sources d’énergie à bord de Roz Avel sont, à part le réseau de 220V du quai des ports de plaisance, deux panneaux solaires de 100W (que j’ai accompagné par un régulateur MPPT censé rajouter 30 % de rendement à leur production habituelle), une éolienne (qu’on a fini de brancher il y a peu, à l’aide d’Adi, dans la perspective des mouillages de l’Algarve) et le bon vieux alternateur de Perkie. Mais voilà, pour que les batteries soient chargées à bloc par l’alternateur, il faudrait que celui-ci fournisse son énergie à une tension de 14,5 – 14,7V. Or, à 2000 ou 2500RPM, l’engin de Perkie envoie 14V à tout casser. Du coup, je suis les yeux rivés sur le moniteur de batterie (que je soupçonne d’être un pervers manipulateur, et ce depuis notre départ d’Arzal) qui m’indique, moteur en marche en régime de croisière, un « apport » négatif d’environ 1A… quand ce n’est plus… ou moins… bon, stop, j’my perds. Bref, j’ai des soucis électriques que je suis seul à bord a souffrir. Tout ça s’est quand même considérablement amélioré dépuis la pose du nouveau chargeur de quai (merci Javier, merci Costin). Bon, pour l’instant, tout ça me paraît pas mal, le répartiteur envoie du jus vers la batterie moteur en priorité, pour basculer sur le parc de servitude dès que celle-ci est chargée. Donc si maintenant j’ai du -1A, j’aurai bien du +5 d’ici une demi-heure… inch’allah !
Point nav à 13h12, quelque part devant Arrifana. Lat. 37 26.8600 N, long. 8 55.1440 W.
Nous avançons dans les mêmes conditions, motorsailing, comme disent nos amis anglais. Extrait du journal de bord :
GV+MOT, vent forcissant 8-10 kts, NNW, approchant 11 dans les risées. Petite houle constante NW. Croisé l’OCEANIS 40 qui est parti avant nous de Sines. Croisé deux dauphins. Déjeuner dans le cockpit à trois, salade de riz. Dès que le vent établi dépasse 10 a12 de manière stable on va dérouler le génois. ETA 17h30. VIT FOND env 7,5kts. CAP 190-192. TEMPS ENSOLEILLE.
Les gars de l’Oceanis 40, je ne comprends pas ce qu’ils fabriquent. Eux, ils portent les deux voiles, sûrement le moteur aussi (en passant j’ai cru voir l’eau de refroidissement sortir) et pourtant on est en train de les doubler en vitesse… Ah, voilà, tout s’explique. Les gars sont dans le cockpit, table dressée, bouteilles de bière à la main, en train de se prendre en photo l’un après l’autre, avec la côte portugaise derrière, sur leur bâbord. Faut dire qu’elle est belle, par ici (le « mouillage » – beaucoup dire – d’Arrifana est qualifié par l’Imray de dramatic – cela dit s’y attarder quand le vent forcit peut devenir dramatique). Une succession de falaises et de vallons taillés dans la pierre, on est loin de la looooongue plage de Setubal à Sines. C’est l’avant-goût de l’Algarve, après l’arrière-goût de la Galice qu’on a ressenti pendant toute la route de Baiona à Porto.
Sur le coup de 15h, le vent forcit à 12-14noeuds, plus de 15 par moments. C’est vraiment de la belle nav. Roz Avel glisse sur la houle, quasi sur la fausse panne, on joue avec la limite de l’empannage. Nous coupons le moteur, gréons une retenue de bôme et déroulons le génois. Bon, c’est pas tout ça, mais faudra faire gaffe, le Cabo Sao Vicente n’est plus très loin. D’ailleurs, ça ne tarde pas, on commence a voir le bout de cette longe falaise escarpée. Après, à 120 milles au sud, c’est le Maroc. Mais ça, ce sera plus tard. « Patronne, on serait avisés de prendre un ris, maintenant que c’est plus ou moins confortable, pour arrondir le Cap tranquillement » « OK Capitaine, on y va. » Je pousse la barre, en essayant de positionner le bateau au bon plein, ça vient, mais c’est un peu long… faut dire que dès qu’on quitte le portant, les 15 nœuds qui deviennent par moments 17-18 nous tombent en plein dans la figure. Eux, et la houle… ça change d’ambiance à bord. Bon, on est des marins, ou merde ? Allez, ce ris !
« Ca vient, ça vient. Je range la drisse et j’arrive. » Elle est formidable, mon « first mate » Aglaïa. Elle serait capable de dormir dans la cabine arrière ou sur le pont pendant toute une journée de nav, mais si j’ai besoin de « more hands on the deck » elle est là dans la minute. Enfin, des fois dans les deux minutes, du genre « attends, je m’habille d’abord… ».
Cabo Sao Vicente. Des rafales, pas plus de 25 nœuds, c’est beau comme de la bonne sardinha grelhada, dans le soleil couchant. On a sous-traité la photographie à Adi, pour la circonstance armé de notre Canon et du téléobjectif. C’est que du portant, on est passés au travers, et que les claques, filtrées par les hauteurs des falaises, sont assez violentes. Peu importe, c’est magnifique. Un voilier nous croise, dans le sens contraire… il ne sera pas à Sines avant la nuit, celui-là. Il doit vouloir naviguer de nuit, pour profiter du temps un peu moins venté qu’on a, par ici, entre 22h et 6-7h du matin. Pour ce qui concerne Roz Avel, voilà la Ponta de Sagres. On enroule la pointe, on enroule le génois aussi, on démarre le moteur, on affale tout ça et on s’approche… regarde, il y a un cata par là, deux ou trois voiliers de l’autre coté… bon, on se fout au milieu, un peu sur la gauche, pas tout à fait au droit de la partie creuse qui doit bien concentrer les surventes, on balance la pioche et 40m de ferraille et on n’en parle plus. « OK, patron ! »
Pas de chance, le moteur HB de Little Gu n’a pas envie de démarrer. Depuis les falaises, ça envoie du jus (marée descendante) et de l’air (rafales à 25-28, l’anémo a vu même du 30 à un moment donné). Bon, mon Gin, tu pisseras demain matin, désolé. Si on va à l’aviron, c’est pas à Ponta de Sagres qu’on arrive, mais à Mohammedia. Marrant, on dirait qu’il a compris…
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Samedi, 5 juillet, 10h. Enseada de Sagres, Lat. 37 00.1447 N, long. 8 56.4036 W.
Sagres – Portimao, environ 20Nm a faire, on a du travers dans les 12 à 15 nœuds, du soleil, du pur bonheur. Ca y est, on est en Algarve.
Il avait raison, Alain. On a tourné à gauche, tout change. Faudra voir ça avec François Hollande… je sais, je sais, c’est facile… et puis, Hollande, qui a dit qu’il était de gauche ?
Une journée le long des falaises, a croiser des voiliers sortis pour le week-end, des vedettes en pleine pêche, tout le monde a l’air de s’amuser, même nous, Adi est à la barre, nous on suit la route et Gin, il suit les vols des goélands autour des bateaux. Quelques limites à ce bonheur – devant Lagos on devine la grosse tache construite de cette ville, des hôtels, des barres d’immeubles modernes, ça ne donne absolument pas envie d’y aller. En s’approchant de Portimao, pareil – le long d’une très belle plage s’étirent des barres de béton, toute la rive droite du Rio Arade est bourrée de béton. Qu’importe, nous allons de l’autre coté, à Ferragudo. Magnifique mouillage, parfaitement abrité par les deux digues qui protègent la baie créée par le Rio, une belle falaise borde la magnifique plage vers le Nord et l’Est, au bout – un château posé pratiquement sur l’eau, derrière un charmant petit village de pêcheurs et un petit port d’échouage ou se dandinent quelques unes de ces barques peintes en couleurs vives dont les portugais ont le secret. Une certaine image du bonheur.
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On arme Little Gu pour l’aviron. Je vais au bled, accompagné par Adi (il part demain, le malheureux…) et par Gin, qui assure notre sécurité, comme de coutume. On va peut-être enfin les trouver, ces caracois !
« Deux regrets, j’ai, de cette croisière » me dit Adi. « Je n’ai pas eu le loisir de me baigner dans la mer, et je n’ai pas réussi a manger de ces petits escargots blancs… » Ben quoi, il a le droit ? Pour la baignade, c’est un peu tard, mais dans la petite taberna de la rue principale de Ferragudo, avec une chope de cerveja, je vois la jolie serveuse nous poser devant une gamelle de ces petits… on dirait des bigorneaux blancs. EXCELLENTS ! « On va en emporter quelques-uns à Aglaïa, t’en penses quoi ? » Gentil, ce garçon, avec ça… ce soir, un bon petit dîner d’adieu. En amuse-gueule, les petits escargots. Le lendemain, sur les conseils de la dame de l’épicerie du village, on file de bonne heure sur la plage et on appelle un taxi. « On est rue… blablabla… » Adi lui dit en anglais le nom inscrit sur le coin de la maison devant nous. « Connais pas… on ne peut pas se voir au centre du village, por favor ? » Ben oui, si on n’a pas le choix… En avançant, on voit un panneau, avec le nom de l’ensemble résidentiel touristique et luxueux qui borde le village. Adi reprend son portable. « Vila Castelo, tu connais ? » « Bien sur. J’arrive. » Et voilà, il s’en va. On a perdu (temporairement) un équipier, on a gagné un ami. Le soir, presque au bout de son voyage vers Parme, ou il travaille, il nous enverra un SMS très touchant… mais ça, ça nous appartient à nous trois. Le reste, on l’écrira peut-être ensemble dans une autre étape.
Au mouillage de Ferragudo on aura passé une dizaine de jours. Quelques moments amusants… en arrivant sur le plan d’eau, après un tour des bateaux, histoire de choisir la meilleure place (restante… il est chouette, ce coin, alors il est plein) je vois un cata jaune. « Tiens, franchement, tu ne penses pas que ça ressemble à Paquita? » « Bah non, n’importe quoi, ils étaient au Maroc, ensuite ils partaient aux Açores ! ». Le lendemain matin, en proie au doute, juste après le départ d’Adi, je fais un tour avec Little Gu… Mais « Bondieu mais c’est bien sur !!! » La silhouette unique d’un Flicka 34 fabriqué maison, peint en jaune, l’œil égyptien peint en bleu à l’étrave, ça ne pouvait être qu’eux, nos amis Françoise et Alain, notre couple suisse favori que nous avons connu l’année dernière à Sada, revu à Cangas, on s’est suivi sur nos blogs respectifs… tiens, v’là Alain ! Un saludo ! Qu’il est petit, le monde des marins à voile.
Un soir, un bateau blanc à bouchains, belle carène élancée, rentre, à la nuit tombante, parmi les bateaux du mouillage. Je suis dans Little Gu (j’y ai passé des heures, dans ce canot, a promener le chien, a faire des courses, a chercher des bidons d’eau…) Nathalie est restée à bord. « Heeeeey ! ROZAVEEEEEEEL !!!! » Les cris de Dominique transpercent le silence (tout relatif) de la soirée. C’est Shenandoah, le bateau de notre ami Henri et de sa compagne, Dominique, des amis connus à Escarabote, avec lesquels on a visité les Piscinas Naturales de Rio Pedras, Combarro, mouillé à Barra, grimpé sur le Monte Facho et se fait sortir d’une passe un peu difficile à Cangas… enfin, des amis quoi. Ils viennent rejoindre Rémi, un autre voyageur, dont le massif voilier en acier se dandine déjà au bout de sa chaine, un peu plus loin. Le lendemain, Nathalie a son escapade à Lisboa, pour chercher son passeport. Ben moi, j’irai avec les normands boire une mousse, tiens…
Le soir suivant, poulet grillé et autres amuse-gueules sur le bateau de Rémi. Une agréable philosophie de la vie en mer, un équipage fort sympathique, super soirée.
« Vous faites quoi, après ? »
« On a envie d’aller à Culatra, mais en fait, plutôt de l’autre coté de la lagune, vers Faro, au mouillage de Barra. »
« Ben nous aussi, on a envie d’aller à Culatra. Vous partez quand ? »
« Nous, on partirait bien demain, vers midi. On va faire un peu d’eau et de gasoil et on y va. »
« Bon, ben on ira à Culatra dans deux jours, si on vous voit, c’est super. Sinon, on grée le canot et on vient vous chercher de l’autre coté. »
« OK, ça marche. »
Lendemain calme à Ferragudo, deux voiliers normands filent vers la passe d’entrée de Portimao… Salut les gars, à demain !
Pour Roz Avel, pas de départ le lendemain. On y avait pourtant cru… J’ai pris la VHF, le matin. « Marina Portimao, marina Portimao, do you read me ? Over… »
Nous avions prévu d’y aller pour le « court séjour » de 4 heures, faire le plein d’eau, un peu de gasoil, brancher un peu nos batteries, pour partir tranquillement vers Culatra, une trentaine de miles. Seul souci – être à l’entrée de la Ria Formosa avant l’heure de la renverse, pour ne pas monter le courant dans le nez (des fois ça peut monter à 5-6 noeuds, pas évident a contrer). Alors on traine un peu, on calcule, on discute avec Alain. Alain, il me dit « tu vas à Culatra pour une nuit ? Tu vas être frustré… ». C’est con, tout ça, et il n’y est pour rien, mais finalement, on n’y ira plus du tout. Le moment de remonter la chaine, je dis à Aglaïa « un petit coup de marche-arrière s’il te plait. » et grschtschtsgrrrrr… un drôle de bruit s’échappe du local moteur. C’EST QUOI CE BORDEL ?!?
L’accouplement souple mis en place à Cangas s’est tout simplement dévissé. Une veine qu’il n’y ait pas de vent… « lâche la chaine, doucement. On reprend le mouillage. On verra après… »
« Marina Portimao, marina Portimao, do you read me ? Over… » (faut dire qu’ils sont à 500m de nous, la Marin T’as du fric ?a de Portimao). Discutions avec la dame qui tient le combiné de l’autre coté. Pas moyen de vous aider, on n’a « pas le droit de remorquer des bateaux » (à d’autres…), « non, désolé, je ne sais pas ce que vous pouvez faire » et autres « je n’y peux rien, je regrette… ». L’Algarve, coté marinas, quoi. T’as du fric ? Ça roule. Tu n’as pas beaucoup de fric ? Tu ne nous intéresses pas…
Deux jours d’échange de mails avec Costin, de recherches sur le net, de spéléo dans le logement de Perkie, et le tour est joué. En attendant, on aura pris nos habitudes, à Ferragudo. La mamie du Supermercado connait déjà el pintor qui lui a montré ses croquis de l’église, i tal i qual… Les vieux du café du bout de la rue principale, là ou il n’y a pas encore de boutiques à touristes, commencent a connaître le gars aux cheveux longs qui promène son chien le matin et vient juste boire un café. Et chaque soir, après nos balades diverses et variées, on boit notre verre de sangria avec les Paquita. Le monde se porte bien mieux, maintenant qu’on l’a refait, dix jours durant… Mais le temps passe. Un couple d’amis doit nous rejoindre quelque part en Andalousie, et le lieu qui me paraît convenir parfaitement est Càdiz. On quittera ce mouillage un fin de matinée, le cœur serré, le 19 juillet. Ça nous rappellera les joies de la navigation de nuit, la magie des lumières qui s’éteignent, le lever de soleil sur la mer. Ça nous permettra de revoir des amis, Sofia et Jaime, la fille de Javi et de Sofia et son époux, qui nous feront la visite guidée de la ville et l’amitié de partager notre repas. Ça nous fera rencontrer Néblon, un superbe bateau belge et son non moins superbe équipage. On y retrouvera les « Mounalain », nos amis de Video Bleue 2. On recevra à bord Adi et Roxi.
Mais on n’aura pas vu Culatra.
El Capitàn 😉