Foaie verde de gutui…

Femeia de servici s-a zgâit la noi cu niste ochi imposibili. „Voi dormiti acolo, sus?” De pe acoperișul unei „vile” B sărim pe palierul de la etajul 1. În ordine, parcă eu, el și Joe. Sau poate el, Joe și eu. Sau poate că el nu era cu noi, în noaptea aia. Poate că petrecuse noaptea în Tabara Internațonală. Toate amintirile astea-s într-o ceață…

E în ajun de Crăciun. Sau cu două zile înainte de Crăciun. Iar ceața aia… Mă scobor din tren, la Strasbourg, și mă strecor pe bancheta din spatele mașinii lui taică-său. Trecem peste „Pont de l’Europe”, mergem spre Kehl. Mă fac mic-mic, vine granita… „Mă, futu-i, să știi că aici nu mai controlează nimeni pasapoarte de-o veșnicie.” În seara aia ne-am făcut muci. Și el și eu. El, în mod excepțional, mai tare decât mine. Nu ne văsusem de-un an. Un veac…

Dar el Beida, Johnu’. Știi ce înseamnă ? Casa Albă. Casablanca, cum ar veni.” Rue de la Huchette, un restaurant marocan. „Couscous-ul, futu-i, trebuie să-l îneci în sos. Altfel se îmbibă cu suc gastric, și-ti umflă burta ca mămăliga aia proastă, din Baragan.” Am ieșit de-acolo ghiftuiti, și ne-am zgâit la afisele de la Theatre de la Huchette. „Futu-i, îți dai seama că ăștia îl țin pe afis pe Ionesco din 1957?”..

Mă, Johnu, ce zici, dăm o tură în deșert ? Mergem la Marseille, cumpărăm două Land Rover de ocazie, cu bani de împrumut, le debarcăm la Alger, de-acolo o dăm până la Tamanrasset și pe urma traversăm, ori la Nouakchott, ori la Dakar, ori la Bamako. Acolo le vindem, și ne întoarcem cu avionul. Cică se vând de rup jeep-urile în sudul Saharei…

Catedrala din Timisoara, în anul două mii. Eu mă însor. Într-un colt al multimii, îl văd, cu o blondă. Dublă surpriză. Așa am descoperit-o pe Dana. Mai târziu mi-a scos o frază tipică, de-a lui, o vorbă cornută. „Mă, Johnu, îi Dana. Mi-e fain cu ea.” Am priceput din chestia asta că era cu adevărat îndrăgostit.

Cu amintiri din astea, iesite din ceață, aș putea umple un volum de 500 de pagini. Despre serile de pe Filipescu când, o gasca de liceeni nebuni, trăgeam la pian, muzicută, bas, el la ghitară. Despre după-amiaza din Costinesti, când am fost timp de cinci minute „guest star” la Radio Vacanța. El – ghitară și voce, eu – muzicută. „All I Really Want To Do”. Cu scena suprarealistă din cartierul „Rue Vieille du Temple” (sau pe-acolo pe undeva, în spate la République) unde am tras o fugă, sunat de el la telefon… locuia într-o mică garsonieră, cu kitchenetă și cu buda pe scară, ca multe locuinte amenajate în imobile pariziene din anii 1880. Iesise la budă și trăsese ușa după el… evident, cu cheile înăuntru. Ajung acolo. Reusise să cheme un lăcătuș, nu mai știu cum, îi deschisese ușa. Am ieșit în cartier, la 11 noaptea, sa bem o bere, și mi-a povestit. Întâi și întâi, încercase să-i roage pe diferiți vecini care urcau pe scară să-l ajute. Era gol pușcă, în budă, cu telefonul portabil și cu ghitara. Cine stă să discute cu un tip care te strigă dun budă, la curul gol și cu o ghitară pe genunchi? Cine se duce la budă cu telefonul și cu ghitara?

Adi. Un izvor de idei, un „touche-à-tout”, o curiozitate fără margini, o inteligentă iesită din comun. Un prieten.

Adi nu mai e, de-o săptămână și un pic. Mi-e dor de el. Dana și Juli, mi-e dor de voi. Sunt cu sufletul lângă voi, chiar dacă nu fizic. Adi a lăsat în urmă o generație întreagă de orfani, fie ei prieteni de o veșnicie sau cunoștințe de o lună. Ma simt onorat că am bătut o bucată de drum împreună.

Și da, mă bântuie și pe mine un cântecel vechi.

O pulă de caaaaaaal…
Urcată-n vârf de deaaaaaal…”

La femme de ménage fait des yeux gros comme des pastèques. « Vous dormez là-haut ? » Depuis le toit d’une des villas B nous sautons sur le palier du premier étage. Dans l’ordre, il me semble, moi, lui et Joe. Ou bien lui, Joe et moi. Ou peut-être qu’il n’avait pas passé la nuit avec nous, cette fois-là. Peut-être bien qu’il avait passé la nuit dans la « colo’ internationale ». Tous ces souvenirs dans le brouillard…

Veillée de Noël. Ou bien deux jours avant Noël. Encore ce brouillard… Je descends du train, à Strasbourg, et je me glisse sur la banquette arrière de la voiture de son père. On passe sur le Pont de l’Europe, on va vers Kehl. Je me fais tout petit, on arrive à la frontière… « Dis-donc « futu-i », ils ne contrôlent plus les passeports depuis une éternité, par ici. » Ce soir-là, on s’est bourré la gueule bien comme il faut. Lui et moi. Lui, exceptionnellement, plus que moi. Ça faisait un an qu’on ne s’était pas vu Un siècle…

« Dar el Beida, Johnu’. Tu sais ce que ça veut dire ? La maison blanche. Casablanca, comme qui dirait. » Rue de la Huchette,restaurant marocain. « Le couscous « futu-i », il faut le noyer dans la sauce. Sinon il se gorge de jus gastriques et tu te retrouves ballonné, comme avec la polenta de merde qu’ils font par là-bas, dans le Baragan. » On est sortis de là repus et nous avons regardé les affiches du Theatre de la Huchette. « Futu-i », « Tu te rends compte que ces gars-ci gardent Ionesco à l’affiche depuis 1957 ? »…

Dis, Johnu’, qu’en penses tu d’un tour dans le desert ? On descend à Marseille, on achète deux Land Rover d’occase, on emprunte de l’argent, on les debarque à Alger, on file sur Tamanrasset et ensuite on traverse, ou vers Nouakchott, ou Dakar, ou Bamako. Une fois là-bas on les vend et on rentre en avion. Il paraît que ça se vend de tonnerre de dieu, les 4×4, au sud du Sahara…

Cathedrale de Timisoara, en l’an deux mil’. Je me marie. Dans un coin de la foule, je le vois, avec une blonde. Double surprise. C’est comme ça que j’ai connu Dana. Plus tard, il m’a sorti une de ses phrases, une parole cornue. « Dis, Johnu’… elle, c’est Dana. Je suis bien avec elle… » Là, j’ai compris qu’il était vraiment amoureux.

Des souvenirs comme ça, sortis du brouillard, j’en ai de quoi remplir un bouquin de 500 pages. Sur les soirées rue Filipescu, ou une bande de lycéens fous faisaient de la musique, piano, harmonica, basse, lui à sa guitare. Sur l’après midi, à Costinesti, ou nous avons eu nos cinq minutes de célébrité, en « guest star » sur Radio Vacances. Lui – guitare et voix. Moi – harmonica.All I Really Want To Do”. La scène surréaliste du quartier de la Rue Vieille du Temple (ou quelque part par là, derrière République) ou j’ai couru, après son coup de fil. Il habitait un petit studio, avec une kitchenette et les chiottes sur l’escalier, comme beaucoup d’immeubles du Paris de la fin du 19ème siècle. Il était sorti pour aller aux toilettes, et avait tiré la porte. Bien sur, les clefs dedans. J’y suis. Il avait reussi a faire venir un serrurier, je ne sais plus comment, le gars lui avait ouvert la porte. On surt dans le quartier, boire une bière, à 11h du soir. Il me raconte. D’abord il avait essayé d’appeler au secours divers voisins qui passaient dans l’escalier. A poil, aux chiottes, avec sa guitare. Qui se met a discuter avec un gars à poil qui vous interpelle des chiottes, la guitare sur les genoux ? Qui va aux chiottes aà poil, avec juste son téléphone et la guitare ?

Adi. Une fontaine d’idées, un touche-à-tout, une curiosité sans limites, une intelligence hors du commun. Adi n’est plus, depuis un peu plus d’une semaine. Il me manque. Dana et Juli, vous me manquez. Je suis avec vous, même si physiquement je suis loin. Adi, tu as laissé derrière toi une génération d’orphelins, que ce soit des amis de toujours ou des connaissances d’un mois. Pour ma part, je suis honoré d’avoir pu, un temps, faire un bout de chemin avec toi.

Et puis, oui, j’ai cette chanson qui me hante.

O pulă de caaaaaaal…
Urcată-n vârf de deaaaaaal…”

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Cadeau de Noël anticipé

Je n’écris pas beaucoup. Mais des choses se passent. Alors des fois c’est Aglaé, mais cette fois-ci c’est Gin qui s’y colle. Avec comme une dent contre les vétos et les douanes…

Les reflexions d'Aglaé

Bien des changements ont eu lieu depuis mon dernier billet.

Ma copine Nemra n’est plus. C’est en jouant avec moi qu’elle n’a pas vu la voiture venir…

J’ai pas compris sur le coup, mais j’ai vite senti le vide.

Quelques semaine plus tard, sont venus me rejoindre une petite chienne abandonnée, Kita. Ne tenant pas encore sur ses pattes, ne sachant pas laper (c’est venu très vite), elle a vite pris ces aises en squattant mon coussin. Et enfin Rojo, un chaton vraiment petit, qu’il fallait nourrir au biberon. Tout un truc, vous dira mon maître et pis ça avait l’air bon. J’en voulais moi aussi, mais Kita le protégeait, une maman dans l’âme.

Ces deux derniers compagnons nous ont quittés aussi prématurément, me laissant la lourde tâche de consoler mes maîtres. Enfin surtout lui, elle était à Paris…

Mais voilà qu’un grand rebondissement vient d’arriver. Mon…

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Vous attendez quoi ?

L’aventure. Il y en avait, lors de la course lancée par Bob Salmon. Aujourd’hui, c’est probablement la seule ou il y en a encore.

Alors, mon gars, c’est clair. T’as qu’a passer ta Mini d’abord.

attention – ce docu est visible pendant 30 jours.http://www.tvr.bzh/interactiv_video_player/80588

Saint Dominique et son Côtes du Rhône. Un au revoir.

« Je n’ai jamais compris en quoi il était saint, ce gars, Dominique de Guzman… ». Aidé par l’apéritif et le verre de rouge déjà ingurgités, j’ai lancé ma diatribe contre l’un des pourfendeurs des « bons hommes » de l’Occitanie du XIIème siècle.

Dans la cuisine, la suite du repas attend d’être servie. La maman chuchote à sa fille, pétrifiée par l’audace de l’invité : « Tu ne lui as pas dit, à Florin, qu’il avait été dans les ordres ? »

Jean-Claude2A table, le papa répond, sur un ton surprenant d’amabilité : « Florin, on ne vous a jamais raconté que j’avais passé cinq ans chez les dominicains ? ». Moi, ça ne me laissait que deux choix. Me « coucher », en présentant de plates excuses de dégonflé, ou attaquer. J’y vais. Coup de pied à suivre, par dessus la mêlée.

« Quand même, « Tuez-les, Dieu reconnaitra les siens… », c’est pas des plus humanistes, comme suggestion. Ce qu’il a fait aux cathares… ». Mon cher Jean-Claude, si tu me lis, je te demande pardon, j’avais tort sur toute la ligne. En fait, le pauvre Dominique n’était pour rien dans le sac de Béziers, et de tous ceux que Innocent III (innocent que de nom) avait envoyé s’occuper du problème cathare, il était le seul qui avait toujours refusé de prendre part à la guerre, en affirmant que les seules armes qui vaillent étaient la prédication, la prière et les bons exemples.

Je m’emmêlais les pinceaux. Mais j’avais raison d’attaquer. Il a aimé le culot (et je le soupçonne de n’avoir pas bien su non plus que c’était à Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, légat du Pape pendant la croisière des Albigeois, qu’on attribuait cette phrase – probablement apocryphe, de toute façon, et non pas à Dominique). S’en est suivi une discussion à bâtons rompus, dans laquelle j’apportais des arguments politiques et historiques, et lui, des arguments théologiques. Personne n’a été convaincu par les arguments de l’autre. « Prenez (il me vouvoyait, à l’époque) plutôt un verre de ce Crozes Hermitage. Un excellent vin, c’est dans les Côtes du Rhône, vous connaissez ? ». En voilà une bonne idée, enfin. Œcuménique, celle-ci.

Ma connaissance des vins français l’a convaincu bien plus que mes arguments politiques sur l’histoire du Moyen Age chrétien. Des discussions à bâtons rompus, on en a eu quelques unes. Il était croyant, moi non. Il a toujours respecté ça, jamais il n’a poussé la conversation sur le terrain du prosélytisme. Il devait savoir, tiens, que c’était une cause perdue. Pour ma part, je n’en ai pas non plus trop fait dans le style « Dieu n’existe pas ». Je ne sais pas trop… Je crois bien qu’au fond, on a été amis.

On s’est quelques fois frités. Un jour, je suis parti m’enfermer dans la chambre, tellement ses arguments m’ont paru stupides (surtout le gros point Goodwin à la con – « avec ça tu justifies le Nazisme, Flo… »). Le lendemain il m’a embarqué chez son caviste préféré, pour qu’on choisisse ensemble quelques bonnes bouteilles… Il était comme ça, Jean-Claude. Il donnait aux choses une teneur dramatique, excessif en tout, le chuchotement devenait tonnerre, la brise devenait orage. Tout ça, c’était lui, le breton de l’Ardèche, le celte de la Méditerranée. Je l’aimais bien… Je crois bien qu’au fond, on a été amis.

En Vilaine sur Gu BraghJe n’oublierai jamais quelques petites choses, de celles qui ont le don d’agacer certains… de celles qui me faisaient éclater de rire à ses cotés. J’adorais l’entendre dire « Eh ben voila ! », il lançait ça pour titiller Colette, qui levait les yeux au ciel. Il était comme ça, Jean-Claude. A partir d’un mot, il poussait la chansonnette avec sa voix de casserole provençale pleine de bonne humeur. A partir d’un autre il se mettait en colère. Véronique l’a dit, à la messe. Comme le mistral. Peut-être bien que c’était ça, que c’est le mistral qui l’avait façonné. Le mistral, le soleil, son patronyme breton, son ancêtre maitre coq ou l’autre amiral, ses lectures, ses années chez les dominos, ses années en Algérie, ses vacances à Belle-Ile.

Ils étaient mignons, tous les deux, engoncés dans leur gilets de sauvetage rouges, sur le pont de Gu Bragh. C’était en 2011. Un petit déjeuner au port, une virée à la voile jusqu’à La Roche Bernard, un repas sur le Vieux Port avec leurs amis. Puis le retour, perçu comme une « grande aventure maritime », cette balade bucolique dans l’Estuaire de la Vilaine. Un souvenir ému… Depuis, Mireille est partie. Tu la croiseras, peut-être, Jean-Claude. Tu pourras à nouveau la chambrer à volonté. Mais tu n’auras pas le petit verre de rhum qui va avec…

Lorsque Nathalie, toute timide, a annoncé qu’on partait Ptit Dej sur Gu Braghvoir le monde depuis le pont d’un bateau, sa maman a laissé sortir un faible « mais non… ». Lui, du haut de sa chaise, collée à la mienne, à la table de la salle a manger de Saint Hilaire, a clamé haut et fort « Ouiii !!! ». On s’est rendus compte que la moindre aventure, le pépin de navigation ou l’épisode de fort coup de vent rencontré l’intéressaient… ça devait lui rappeler l’histoire de Esprit d’Équipe convoyé jusqu’à Brest, le moteur défaillant… ou alors celle du dériveur renversé à Port Fouquet, dans une crique de Belle Ile. On naviguait avec lui, sans le savoir. On naviguait, aussi, pour lui. Lundi dernier, sans savoir qu’il avait lui déjà appareillé, on a largué les amarres pour glisser tranquillement pendant une demi-journée entre Saïdia et les Iles Chafarinas. On ne le savait pas, mais il était avec nous.

Moi, je l’ai connu sur le tard. Si ça se trouve, on n’aurait pas eu le même rapport vingt ans plus tôt. Il pouvait être maladroit avec les gens, nul n’était à l’abri d’une de ses phrases malheureuses. Mais moi, je crois bien que nous deux, au fond, on a été amis.

Dans cette église du patelin vendéen d’où il est parti pour son dernier voyage, lorsque la douleur de mon index gauche pris dans la portière de la voiture de la tontine s’est estompée, j’ai mis la main sur son cercueil et j’ai chuchoté « bon voyage, mon ami, repose en paix ». Et j’ai eu, au coin de l’œil, une petite larme.

Bslâma, Nemra

dans le palmier2

Tu es venue égayer le carré de Roz Avel. Tu es tombée dans l’eau du port, tu t’en es sortie toute seule. Tu étais le chat le plus prudent que j’ai jamais connu. Tu regardais avec attention les voitures, tapie au pied du palmier qui te servait aussi de grattoir… surtout ne pas passer devant…

Tu étais la mascotte de tout le port. Tu étais notre amie, notre chipie rigolote, qui se cachait derrière un brin d’herbe pour sauter devant Gin, tous les poils de la queue dressés, en le provoquant au jeu.

Tu avais ta place, au bout du plan de travail. T’avais bien compris que là, c’était permis. Tu continuais quand même les incursions vers mon bol de leben, même si t’avais compris que là, ce n’était pas permis. C’est comme ça, les enfants… faut toujours que ça teste. T’avais conquis, en deux jours, le cœur de notre armatrice de cœur. T’avais ce don inné de donner de l’affection a part égale à tout le monde, dans ta petite famille. Et il t’en restait plein, plein, pour les amis aussi.

Tu étais notre petite fille. Notre petite Nemra. Gin coursait les méchants chats du port quand ils venaient te chercher des poux dans la tête (d’ailleurs, tu n’en as jamais eu, de poux!). On vous laissait tous les deux devant la porte du magasin, on vous retrouvait, Gin debout sur ses quatre pattes, toi couchée sous son museau. Le grand frère et sa petite sœur.

Le grand frère a perdu sa sœur. Hier soir, après une séance de jeu sur le parking, en partant pour notre balade du soir, tous les quatre enfin réunis, t’as fini sous les roues d’une voiture. Ta prudence n’a eu qu’un moment de faiblesse, ça a suffit.

Bslâma, Nemra, la petite fille d’Oujda. Tu n’auras pas eu l’occasion de voir l’Atlantique… tu reposes au fond de la Méditerranée, sur un lit de sable. Chat du port, enterrement de marin. On se rassure, en disant que ta vie aura été courte, mais heureuse. Que tu n’as pas eu le temps de souffrir. On se rassure comme on peut. En rentrant du bout de la grande digue du port, on se parlait, Aglaé et moi. On avait pudiquement changé de sujet. En arrivant sur le grand parking vide, on s’est tu. J’ai regardé en arrière… non, là, il n’y aura plus de minette pour nous suivre. Il n’y aura plus…

Hier soir, en m’endormant, j’ai cru entendre un miaulement… je crois que ça va prendre un peu de temps. Ton « bonjour » matinal va nous manquer, minette. Repose en paix au paradis des chats. Chez nous, ça va… le soleil est revenu. Mais pas encore la joie. Je crois que ça va prendre un peu de temps.

La nouvelle vie de deux canots. Episode 1 – Decouverte et convoyage

Le petit gardien moustachu nous fait signe. En sortant des douches de la marina, avec Daniel le catalan, nous tombons sur lui. Il parle peu le français, mais le cageot retourné plein de pâtisseries, de pain et de dattes, le geste de la main vers la bouche, le mot « manger » prononcé avec l’accent du rifain parlent d’eux-même. C’est l’Aftour, l’heure de la rupture quotidienne du jeune, et ça se fait avec une gamelle de harira et une poignée de dattes. Et ça se partage.

Je ne peux pas refuser. « Assieds-toi » il dit, me montrant le flanc un peu défoncé d’un jet-ski. « Manger, manger ». Je prends une datte, il me tend un œuf dur… « non, merci, j’ai mon repas qui m’attend, mais je prendrai une pâtisserie, pour partager ce moment avec toi ». Il me file un morceau de pain. Délicieux. Mais je n’ai pas non plus envie de lui bouffer tout son casse-croute. « Chokran ! ». « Laa chokran, ne me remercie pas… ça me fait plaisir, ça fait plaisir à Dieu. Il nous a donné ça pour qu’on le partage. »

C’était après la douche du soir, qui venait après une journée de grattage, nettoyage, démontage d’accastillage et de soleil de plomb. Enfin, sur le port, ça va. Ici, l’été bat son plein depuis un mois, mais il y a toujours du vent. La preuve – mon véhicule, pour aller de Roz Avel à la zone technique – pile de l’autre coté du port, à vingt minutes à pied, en contournant le bassin de la plaisance et celui de la pêche, est mon petit voilier. Little Gu me sert de 4×4, de transporteur de matos et le soir, je me laisse porter, par le travers, pour me détendre.

Ça fait trois jours que j’ai attaqué le taf. Samedi, Simo, le grand marin-en-chef qui manœuvre le travelift, m’a mis sur cales un des deux Brenta 24 qui ont l’ambition de devenir les bases d’un pole voile ici, à Saïdia. Lundi, le deuxième a suivi. Et moi, sur le pont, avec ma trousse à outils, j’ai attaqué de front les vis et les boulons.

L’histoire a commencé il y a longtemps. En réalité, l’histoire à commencé en décembre, lors d’un couscous offert par Pascal aux plaisanciers, à la Taberna del Puerto, le QG des gens de la Marina. En aparté, Pascal nous dit, à Axel et moi, qu’il a fait l’acquisition de deux quillards de régate de 7m50, deux Brenta 24 de fabrication espagnole, sortis de chez Astrea. « Je suis en train de m’occuper des papiers de douane, fiscalement je devrais attendre le début d’année 2015 pour les faire venir. » Début d’année inch’allah. On est allés à Melilla, avec Pascal, le 5 ou le 6 juin, pour les regarder de près. Impossible de les faire naviguer à la voile jusqu’ici. Il y en a un qui n’a plus d’étai, à l’autre il lui manque une barre de flèche. Un HB Yamaha 5Ch 2T (vieille connaissance, pratiquement le même que le moteur de l’annexe de Roz Avel) a été laissé pendant deux ans l’embase dans l’eau et présente une boule de 50cm de diamètre autour de l’hélice, formée de moules, algues, berniques et à peu près tout ce qui peut se fixer autour d’une excroissance qui traine dans l’eau dans les parages. Soi-disant l’autre naviguait encore l’année dernière. Autour du premier, un bourrelet du même conglomérat qu’autour de l’embase habille la flottaison. « Je crois qu’il va falloir plonger » me dit Pascal.

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Pascal Bosson, c’est le capitaine du Port de Plaisance de Saïdia. Il est grand, belge et passionné le régate. « Je veux inscrire l’un des deux à la Semana Náutica de Melilla. Et JE VEUX GAGNER » m’a-t-il dit, une semaine plus tard, lorsqu’on est revenus en force, avec Axel et Alain, pour convoyer les bateaux.

L‘aventure du convoyage, ça nous a bien fait rigoler. On est arrivés, Pascal, Alain et moi, le lundi après midi, vers 18h (a la tarde… presque a la noche quoi). Je vous passe l’épisode du chef de groupe de la police des frontières à Nador, comme je vous ai passé l’épisode précédent du même chef de groupe de la même police du même Nador. On est allés au Yacht Club, Pascal a taillé le bout de gras avec le monsieur qui allait nous remorquer le lendemain, ils m’ont embarqué dans une taperia (que je retiens, ou le patron appelle affectueusement Pascal « el cabron de belgo » et tous les serveurs le connaissent) a attaquer la soirée à coups de tapas et de cañas. Et ils m’ont déposé devant le Hostal Rioja, petite pension tout près du Yacht Club, ou j’ai passé la nuit.

Melilla, un matin calme

Matin calme à Melilla. Café solo. Doble. Je m’en vais au Yacht Club. Ménage et rangement dans les deux canots. Vider les 15cm d’eau qui traine dans les fonds. Sortir toutes les voiles, les plier un peu mieux, les ranger un peu mieux. Mettre à la poubelle la vieille nourrice rouillée, essayer de démonter le HB Yamaha. Pas possible. Virer alors les moules. Ça, c’est fait.

Petite plongée autour des deux canots. Grattage des moules. Mais non, con, pas pour les cuire. Pour les virer de la carène des deux Brenta – dont l’un ressemble à s’y méprendre à nos vieilles connaissances des Rias Baixas – les bateas. La grande spatule s’en va au fond. Coup de bol, j’en ai une autre. Précautionneux, j’ai pris ma grosse combi de plongée, mais finalement la salopette suffit – l’eau est chaude ici. La veste restera sur son cintre. Allez, c’est bon. On y va ?

Pascal arrive de nouveau, avec Axel et Alain. « Bon, les gars, finalement on partira que demain. Le moteur de la vedette a besoin de changer sa pompe à eau, et ce n’est pas possible avant demain matin. Florin, il te reste des sous ? On va coucher Axel à la pension, avec toi, et nous on rentre, moi je dois être à Saïdia ce soir. » « OK patron, no pasa nada. On y va demain. Mais de bonne heure, après ça se lève. »

Faut dire qu’à cette époque de l’année, en prévision du ramadan, un deuxième changement d’heure au Maroc les met à 2H de décalage par rapport à l’enclave espagnole. 8H ici, c’est 6h à Saïdia. Nos camarades seront partis à 5h du matin, accompagnés par un Abdelilah tiré de son lit qui les dépose à la frontière. Alain et Pascal arriveront vers 10h, au final, pendant que moi je cherche un bidon d’essence sur les hauteurs de la ville, sans m’être aperçu qu’à deux pas du port il y avait une grande station CEPSOL… Ça y est, Alain et Pascal à bord du Brenta vidé de son élevage de moules, nous a bord de celui qui a un HB fonctionnel, et c’est parti.

Le HB ronronne gentiment au cul de notre Brenta. On recule le deuxième à la main, hors du cat-way. Aaaah… des cat-ways… j’avais même oublié que ça existait. Nous, on recule. On envoie un bout, on les tire et gentiment, à 2nds, on embraye en direction de la sortie des deux digues, là ou le Maroc et l’Espagne, de gré ou de force, partagent le grande rade des ports de Melilla et de Nador. Pour nous, coté marocain. La vedette nous attend au large, elle n’a pas le droit de remorquer des bateaux dans le port. Petit coup de fil de la Marine Royale marocaine à Pascal. « Je vous vois, vous êtes partis tard… » C’est qu’on est attendus et suivis. Allez, on attache ça aux forts taquets de la vedette et on y va. Sur un vrai lac.

Au fur et a mesure que nous avançons, le vent commence tout doucement à rentrer. Sur le bateau d’en face, ça débouche la bouteille de Rioja. Attachés court, Pascal et Alain sont bien partis pour passer six heures au fumoir, comme des harengs, dans l’échappement de la vedette… Chez nous, Axel attaque un sandwich au saucisson. La technique de coincer le stick de barre… « regarde, Florin, sans les mains ! Sans les mains ! »

On s’approche des Islas Chafarinas. La mer se creuse de plus en plus… « Putain, on aurait du partir deux heures plus tôt » Axel ne rate pas l’occasion de râler. En passant entre le Cap de l’Eau et les Chafarinas, arrêt buffet ! Le bout de remorquage de nos compagnons de route casse net. Comprends rien… Dans les vagues, le nez du Brenta 24 fait des bonds d’un bon mètre. Cachés par la vedette, on voit juste un grand SPLASH, Pascal se précipiter à l’étrave et quelques secondes plus tard Alain émerger de l’eau, trempé. Notre canot, lui, HB démarré mais au point mort, se fait doucement pousser autour du remorqueur au point d’enrouler l’aussière autour de son embase d’hélice… Fallait bien qu’il y ait un peu d’aventure, quand même !

Manœuvrant doucement, on arrive a se dégager sans casse. Les copains d’en face changent de bout de remorquage et c’est reparti. Allez les gars, on se rapproche… « Marina Saïdia, Marina Saïdia, ici Pascal, vous me recevez ? A vous ! ». « Marina Saïdia, Marina Saïdia, ici les Brenta 24, nous nous rapprochons de l’entrée du port, vous nous recevez ? A vous ! ».

A force de s’époumoner, un coup les uns, un coup les autres, on commence à avoir des réponses. Les gars se réveillent, organisent le « comité d’accueil ». On rentre dans l’avant port, on démarre le HB, la vedette largue notre aussière et traine le Brenta des copains jusqu’au ponton. Nous, de notre coté, on fait pareil poussés par le petit Tohatsu 3,5. Allez, on est à poste.

Les gars nous aident à l’amarrage, la vedette coupe le gaz, l’Oceanis 323 qui nous accompagnait sort une bouteille de bière. « Una cervecita ? ». Dans mon sac a dos, j’avais mis de coté une canette d’Estrella Galicia. Pour le souvenir. Les autres reçoivent un verre de la part du capitaine du voilier. Ouf, on est arrivés. Petite visite des autorités. Curieux, les douaniers, la police des frontières, les gendarmes passent leur tête dans la descente des deux canots, pour constater à quel point c’est spartiate à l’intérieur. « C’est ça, les Laser ? » Non, les gars, ce sont des Brenta 24. Mais c’est presque trop tard… depuis, régulièrement, chaque personne du port qui passe devant les appelle pareil. « On sort les Laser demain ? » C’est pas gagné…

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Le lendemain, début de ramadan. Le premier des « Laser » retrouve une place sur le terre-plein. Démâtage sportif, à la main, à l’aide de plein, plein de monde. « Merci, bravo les gars, on n’a rien cassé. » Simo, à la manœuvre, tout fier. « Technique et tactique ». Depuis, le sistership a trouvé, lui aussi, son ber. Et moi j’ai trouvé le grattoir, le papier-verre, le bidon d’acétone, le trousseau de clés. C’est parti !

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Au prochain numéro, après le tirage, on passera au grattage. Bien à vous.

2014, une année de navigations et de rencontres. Bilan tardif d’une année trempée dans l’eau salée

2014 a été une année remplie de belles navigations. Ça tombe bien, je n’ai aucune idée quand est-ce que l’équipage de Roz Avel refera de ces belles glissades sur la houle atlantique, poussé par la Nortada portugaise. Je ne sais tout simplement pas quand Roz Avel sortira par la passe du port de Saïdia… un jour, peut-être. Probablement pas en 2015. Mais j’ai promis un bilan… allons-y alors.

Après un hiver galicien humide mais rempli de découvertes et d’amitié, après un printemps de régates acharnées avec nos amis de la Liga Caravelle, la bande du Nautico Rodeira, nous sommes descendus vers Viana de Castelo, Porto, Lisbonne et l’Algarve dans un train d’enfer que mes billets de blog ont un peu raconté, ici.

CristinaCristina nous a accompagné sur une partie du chemin. Adi sur un autre tronçon. Adi CoUn Portugal qui nous a conquis, que nous avons parcouru trop vite, avec un arrière-goût de reviens-y, s’est terminé par un farniente d’une dizaine de jours à Ferragudo, en Algarve.

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Ça nous a donné l’occasion de vider quelques pichets de Sangria en compagnie d’amis, nos amis suisses de Paquita, avec lesquels nous avions pris l’habitude de passer la soirée dans un rade du village. Ça nous a donné aussi l’occasion de croiser Henri, que nous ne croyions plus revoir en 2014, et qui a fait son apparition dans le mouillage de Ferragudo, un soir de juillet, en silence et en douceur.

Une journée et une nuit de navigation au moteur nous ont porté vers une Lune_CadizAndalousie atlantique qui nous a charmée (ah, Cádiz, grâce à Sofi et Jaime nous aurons découvert la belle et ses yeux de velours…). Tout donne envie, dans ces contrées, et nous n’avions fait qu’effleurer cette côte ventée et rocheuse, avec des paysages magnifiques (somptueuse, Tarifa, terre d’arrivée des maures en Andalousie, magnifique côte du coté de Barbate et de Chiclana).

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Après un passage du Détroit en toute tranquillité, arrivés en Baie d’Algeciras, nous voilà en Méditerranée, ou nous avons passé l’été. Sous le soleil, exactement.

IMG_0252Le soleil andalous, entre Gibraltar et Caleta de Velez, entre la Baie d’Algeciras et Malaga. Le « blast », le seul, aura été Grenade, y compris le voyage en bus depuis Caleta jusqu’à la cité arabo-andalouse. Au milieu des cols de la Sierra Nevada, par là ou se trouve la station de sports d’hiver la plus au sud d’Europe, nous profitions des perspectives sublimes sur cette mer d’Alboràn qui ne nous a pas tellement porté chance. Perkie, le pauvre gars, est sorti pour de bon de sa vie de bon fonctionnaire, pour devenir un « workaholic », au rythme de 10 h par jour, quasiment à chaque sortie. Les voiles ? 02 brouillard2« En vacances », avez-vous pensé ? Ben non, se faire secouer par la petite houle sournoise qui vient de tous les cotés, le vit-de-mulet qui claque, les pitons qui tiennent les poulies des palans de bôme… tout fatigue dans ces conditions, le gréement, l’accastillage, les voiles et l’équipage. Un peu de repos, les gars, ça va, on se calme… Et puis le brouillard… Adi et Roxi peuvent en témoigner, ça fout la trouille, des fois, ma parole, comme par exemple en sortie de la baie d’Algeciras, au milieu de dizaines de gros cargos, entre les ferries qui sillonnent le détroit en direction de Ceuta ou de Tanger (putain, merde, c’est quoi ça… d’où il vient, ce bruit de corne de brume ?)

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A Fuengirola, en Andalousie, Roz Avel a reçu à bord une joyeuse bande – famillele frangin, son epouse et les deux « djeuns ». Ils sont arrivé avec leur rêves de visite andalouse, de soleil et de plage. Nous avons passé deux semaines ensemble, vacance, balade, visite de Grenade et de Velez Malaga, plage à Fuengirola et à Caleta, sardines, chipirones, bière, sangria et vin blanc. « Un peu trop de bière et de vin blanc » dirait l’armatrice. Pas assez de navigations à la voile, dirait le capitaine. Nous les avons accompagné à Malaga quinze jours plus tard, et nous avons vu le bateau se vider… d’un seul coup, il n’y a eu que Gin et nous, nos angoisses, nos idées noires… ça faisait drôlement vide.

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A Estepona, nous avons appris que « gallegos y asturianos son primos y hermanos » – c’est une des filles du bureau du port qui nous l’a dit (« yo soy de Asturias » qu’elle nous a dit, en nous offrant une bouteille de vin rouge). A Fuengirola, nous nous sommes faits des copains. Nelu et Ela, deux restaurateurs roumains, installés sur le port, beaux, jeunes, sympathiques, nous ont fait le plaisir de partager une empanada gallega à bord de Roz Avel. Ils nous ont même fait le plaisir d’introduire l’empanada sur leur carte… sous le nom d’empanada Nathalie… Nous avons été reçus comme des amis par l’équipe du port, qui nous a fait une réduction inespérée sur le tarif (l’été, en Andalousie, c’est l’enfer brûlant de la plage, l’enfer sonore des boites de nuit, et l’enfer financier des prix haute saison dans les marinas – le comble, Sotogrande, à pratiquement 90€ la nuit), nous ont présente un galeriste local, tenté de nous aider a sortir la tête de l’eau. Sans beaucoup de succès, faut dire, alors nous avons mis le cap au sud. Après 24 heures de navigation parfois pénible, parfois agréable, la moitié au moteur, la moitié à la voile, nous arrivions au petit matin devant le Cap des Tres Forcas, derrière lequel se niche un petit bout d’Espagne en terre marocaine – Melilla.

Bon, c’est vrai, pour une fois, on a décidé de faire des vrais quarts. On s’est partagé la nuit en parts de trois heures, en se disant que plus que ça, sans pilote et au moteur, ça serait pénible. Mais dès la fin de la journée, on a commencé a avoir du vent. C’est bien, c’est qu’il nous pousse bien, vers le Sud. « Ce qui est moins bien, c’est que à ce rythme là, on finira à Al Hoceima. Je te signale qu’on va à Melilla, nous. ». Dernière partie de la nuit, tout seul dans le cockpit. Je n’ai pas eu envie de réveiller Aglaé. J’ai juste traîné, comme ça, à la barre, a surveiller les cargos et les gros chalutiers. Le vent s’est bien levé, il nous a donné du 15 à 18 nœuds, du nord-ouest. J’ai empanné au poil, à l’endroit ou c’était prévu. Le vent a du empanner aussi… parce qu’en fin de compte on s’est retrouvé pratiquement vent arrière, mais sur l’autre amure. Chouette…

A un moment donné, un « sapin de Noël «  me fonce dessus, par derrière. C’est quoi ça ?

Visiblement, « ça » c’était un gros paquebot de croisière. Genre Costa Concordia. Ou un ferry, mais alors, immense. Plus tard, à Melilla, j’aurai compris. Les ferries, c’est pas ce qu’on connaissait en Bretagne, entre Quiberon et Le Palais. C’est des gros. Vraiment gros. Pour être sur de mon coup, j’ai fait un 360°, en lui laissant le passage. Vas-y, file, que j’te voie plus. ‘Nfoiré, vas…

Au petit matin, le vent forcit sérieusement, dépassant allègrement les 20 nœuds. Mais surtout, il tourne. Le thermique du matin, composé avec ce qui reste de vent synoptique plus l’effet Venturi du Cabo Tres Forcas, fait qu’on se prend le vent par le travers. Pour l’instant, c’est nickel. Mais dans une demi-heure, on va devoir virer pour descendre sur Melilla. Et là, c’est dans le pif. 20 à 22 nœuds. Une mer courte, bien pourrie, comme seule la Med sait nous concocter. Des vagues abruptes, il y a peu de fond par ici, et plein de bateaux de pêche, je ne sais pas d’où ils arrivent mais ils arrivent. Puis la VHF… « llamada general, llamada general ». Par ici, les avis aux navigateurs parlent surtout de « 15 personnes, dans une embarcation pneumatique, à la dérive au droit de l’ile Alboràn »… ça, c’est clair. Des candidats à la traversée vers l’Eldorado européen. Faites gaffe les gars… il y en a eu, des noyés en Med, ces dernières années. « Llamada general… ». Et nous, on passe les jetées d’une grande rade, qui abrite Melilla et le port de Nador, à Beni Ansar. L’un, plus chic, sous la surveillance d’une imposante citadelle. L’autre, poussiéreux, des cargos rouillés qui chargent et déchargent, un ferry, et des énormes grues. Ben oui, Nador, ce n’est pas un port de plaisance… là-bas, c’est le boulot, mec, t’as vu ?

Melilla, c’est déjà l’Afrique, tout en parlant espagnol. C’est une petite ville colorée, un mélange d’architecture militaire de la fin du XVIIIème et XIXème siècle, vilaine et grise, d’immeubles d’appartements décrépits des années 50 ou 60, de petits logements populaires colorés habités par des marocains de touts ages, qui parlent entre eux espagnol. Melilla, derrière une « fortaleza » médiévale qui défend le port, avec une tour de contrôle du trafic maritime impressionnante, surtout au regard des trois ferries et d’un ou deux petits cargos qui croisent dans le port espagnol, sans compter ceux qui s’en vont à Nador, sa voisine marocaine.

Melilla est surtout la deuxième ville espagnole après Barcelone pour ce qui concerne l’architecture 1900, ce « El Modernismo » ibérique qui a eu, en Catalogne, son illustre représentant, Antoni Gaudi. A Melilla, c’est Enrique Nieto, un élève et ancien collaborateur de Gaudi qui a œuvré, après s’être installé dans l’enclave africaine en 1909. Il finit par y prendre racines, pour devenir architecte en chef de la ville en 1939. Autant en Catalogne « El Modernismo » s’est surtout développé dans les années 1900, autant à Melilla c’est pendant la deuxième guerre mondiale que ce style architectural s’est illustré – pendant la période de gloire du « protectorat » espagnol sur le Rif. Des œuvres empreintes d’art nouveau, la cité africaine en est pleine, depuis les immeubles bourgeois du centre-ville jusqu’à des maisons plus modestes des quartiers périphériques, qui s’étalent jusqu’aux les contreforts arides du Djebel Gourougou.

Les subsahariens. Il y en a un peu partout à Melilla, de ceux qui ont en leur possession le fameux sésame, le statut de réfugiés, à ceux qui se cachent dans les parcs, passent la journée dans un bout de la plage toujours à l’affût du moindre véhicule de la Guardia Civil et qui dorment sous le pont qui enjambe l’oued, cette vallée sèche qui doit, l’hiver, devenir d’un coup un puissant torrent, sous les pluies violentes qui tombent par ici. Les nuages noirs de l’hiver sont renvoyées par le Gourougou depuis les côtes atlantiques, l’entonnoir de Gibraltar renforce les vents, et entre Ceuta et Oran, les coups de l’Ouest sont d’une grande violence (maintenant, on le sait…). On les sent jusque dans la magnifique avenue flanquée par de superbes palmiers du centre-ville de Melilla (son nom ? Je ne me souviens plus… Un général quelconque…)

Ville de garnison, la plupart des rues portent le nom d’un général, d’un colonel ou d’un amiral espagnol. Parmi eux, deux exceptions notables : j’ai vu une rue Lyautey, résident général de France au Maroc à l’époque de la guerre du Rif, et une rue Abd el-Krim, le grand adversaire, ce grand leader rifain, adversaire farouche des colons espagnols et français, fondateur de la République du Rif en 1922 – qui a fini par rendre les armes (Pétain avait, depuis, remplacé un Lyautey démissionnaire, et les espagnols avaient dépêché dans le Rif José Antonio Primo de Rivera himself, ainsi qu’un jeune général ambitieux et sans scrupules, un certain Francisco Franco – que du beau monde, des gens qui n’ont pas hésité a employer, pour la première fois contre des populations civiles, du gaz moutarde).

Nous sommes resté deux semaines à Melilla. Nous y étions bien, même si depuis Cadiz nous n’avons plus retrouvé cette ambiance de ports de voyage, ces liens avec des équipages arrivés de nulle part, cette franchise des poignées de main et de la tape dans le dos, l’amarre tournée autour du taquet à l’arrivée et la phrase fatidique, au bout de dix minutes de discutaille au coin d’un ponton « tiens, venez donc à bord, qu’on se fasse un café ». La Méditerranée n’est plus comme ça, les ports sont des villages, les gens y gardent leur bateau en signe extérieur de richesse, le sortent une quinzaine de jours par an et le reste du temps y viennent, passent un coup de jet sur le pont, invitent les amis et la famille à l’apéritif et passent leur dimanche sur les terrasses qui longent les ports. Nous n’avons pas aimé la côte andalouse. Quoi, ça se sent ? Peut-être que Melilla est différente, parce qu’africaine… peut-être que les drôles de zèbres qui traînent sur les bateaux du coté du quai des visiteurs ont, plus que ceux de Fuengi, de Benalmadena (oooh l’horreur!) ou de Sotogrande, la culture du voyage. Melilla, si, nous avions aimé.

Un joli article de Jill Schinas, de Mollymawk sur Melilla, ici (en anglais). Un autre sur les particularités du port de Melilla ici.

Au saut du lit, je sors le chien. Je fais rapidement un tour en ville, pour acheter deux bricoles oubliées, pour faire quelques photos. C’est vrai, quoi. On est ici depuis deux semaines, on n’arrête pas de parler d’un reportage vidéo qu’il faudrait monter aux petits oignons, je me dis – à chaque passage en ville – « tiens, la prochaine fois faut pas que j’oublie mon matériel de dessin » et au final, on s’est contentés d’une série de photos, prises au saut du lit, à 7h30 du matin, juste avant le départ. Ben oui, c’est vrai, quoi !

Bon, maintenant, faut qu’on y aille. Mollis devant, largue tout, j’ai laissé filer la pendille. Coup de gaz, le bateau pivote un peu… c’est génial, le pas d’hélice, quand on sait s’en servir. Ca y est, on est partis. J’ai dit, au gars du port. « Nos vamos a Saïdia. Hasta el año proximo, hombre. » Je ne me souviens pas, mais ça ne m’étonnerait pas qu’il m’ait répondu « inch’allah »

Un peu d’air… chouette. Aglaé, on envoie tout. Ouf, c’est pas la même chose qu’en Andalousie. Au moins, il y a un peu de vent. On a calculé. 36 Nm, environ 6 heures… Bon, pour l’instant, on fait du 3,5 nds. Ça fera plutôt 12h… mais ça va se lever un peu plus, tout à l’heure.

Chose dite, chose faite. Dis, tu vois le gros nuage noir, qui vient, depuis les montagnes, vers Nador ? C’est quoi cette histoire, il vient sur nous, alors que le vent souffle depuis l’ouest… C’est quoi, cette histoire ?

Bon, au moins on avance. On file à 5,5-6 nœuds, et on a une petite renverse de courant qui nous rajoute un demi nœud. Ben oui, par ici on sent un peu les marées. Tu vois les cailloux, la-bas, ce sont les Iles Chafarinas. Ou Zafarinas. La pointe qui s’étire vers le caillou le plus gros, c’est Ras el Ma. Ou Ras el Kebdana. Ou le Cap de l’Eau. On va essayer de passer entre les deux.

« Capitaine, ils ne vont pas nous emmerder, les espagnols ? On a déjà envoyé le pav de courtoisie marocain, et on passera dans les eaux espagnoles à nouveau ? »

« Non, tinkiett. J’ai regardé sur la carte. La limite est entre les deux, en théorie au milieu, mais bon, pour les 500m qui risquent d’être litigieux, ils ne vont pas nous chercher des noises… Ce qui m’emmerde, plutôt, c’est le gros nuage noir, là-bas. »

Là, ça sent le gros méchant grain.

« Aglaé, on affale la Grand-Voile. On laisse le génois déroulé, on verra bien. Moteur en marche, et on va y aller comme ça. T’as vu le bordel qui nous tombe dessus ? Je n’ai aucune envie de me retrouver sous 40 nœuds, entre le Cap et les Chafarinas, a être obligé de mettre le bateau bout au vent pour prendre un ris. J’ai regardé, il y a très peu de fond entre les îles, je n’ai pas confiance. »

Nous, on affale la voile, le grain dévie vers le côte, et le vent s’en va. Et nous arrivons à Saïdia, dans le ronronnement de Perkie.. Voilà, c’est fait.

La suite des événements – on la verra venir, tout doucement. Une semaine après l’arrivée, le port de Saïdia est le théâtre du rassemblement de quelques voiliers venus pour un rally associatif, plus qu’une course – le Tour du Maroc à la voile – dans le port, journée visite, des enfants des écoles un peu moins favorisées du coin viennent découvrir le milieu de la voile. Avec Little Gu, on propose notre participation – on y promène des petits marocaines (et aussi deux petites filles, qui à la fin, dans les petites risées, criaient pressées de retrouver leur copines « fissa, fissa »… l’ambiance Grand Largue nous manquait un peu). Vue sur Mer Maroc et l’association les Voiles du Partage (organisateurs de l’événement) sont contents, entre Hobbie Cat, Jet-ski, notre canot et des Optimist, les gosses auront passé un bon moment. On se retrouve le soir à un couscous à la Taberna del Puerto.

RozAvel_Ons_blancLTLe mois de décembre, avant Noël, je m’en vais à Timisoara, pour fignoler et gérer l’impression de son carnet de voyage sur la Galice. Dans la foulée, une expo à deux voix et quatre mains, avec mon ami Dorin « Kiru » Chis, les aquarelles du marin et les photos du voyageur, sur le thème de la mer, normal. Soirée débat et projections de films, avec Lucian Ionescu, sur son expédition de 7 mois en kayak de Giurgiu, Roumanie, à Venise, et avec captain Florin sur la croisière de Roz Avel autour de la Galice. Soirée encore plus exceptionnelle après la fermeture, dans un troquet d’Oradea, avec Kiru, Lucian, Pilgrim et Sebba, des amoureux de l’aventure, des passionnés de la mer, des convives formidables et… ben quoi, des amis, ma parole.

L’année 2014 s’est, somme toute, bien terminée. L’année 2015 commence mal, mais ça, c’est une autre histoire.

Bien à vous

Le capitaine

Y a rien qui s’passe…

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Dire que nous n’avions échangé que deux mails avec lui depuis l’été dernier. Que j’attendais que mon bouquin soit prêt pour lui écrire un mot, en lui envoyant un exemplaire. Que j’avais pensé que ce serait chouette qu’il vienne à bord, pour faire quelques miles avec nous. Qu’à chaque fois que je recadre une photo je pense à lui, qui ne recadrait jamais les siennes. Qu’il me manquait un petit peu plus, depuis deux mois, sans que je sache pourquoi… Un peu avant minuit, j’ai trainé un peu sur FaceBook, a regarder le mur d’une amie.

Maintenant je sais pourquoi il me manquait un peu plus, depuis deux mois.

Il y a 25 ans et quelques mois, j’ai passé des soirées couché par terre, sur le tapis de la maison de mes parents, rue Filipescu, à Timisoara, de peur qu’une des balles traçantes qui traversaient le square derrière le petit parking d’à coté de la maison ne s’égare dans la pièce. Je venais de connaître un gars à la voix rauque, un accent inimitable pour un locuteur de français scolaire comme moi, une gueule, une vraie, un blouson en cuir noir et vingt-cinq kilos de matériel photo sur le dos. Un jour ou deux avant, dans la cour du Siège de l’Eglise Orthodoxe, à Timisoara, je venais de faire connaissance avec un homme qui allait changer ma vie. Je serrais la main de Régis, la première fois.

Régis te serrait la main, te serrait dans ses bras, te faisait la bise, deux fois, ou trois ? et te disait, du fond du cœur, du fond de la gorge, avec sa voix de Camel sans filtre… « ça va, p’tit gars ? »

Régis jouait aux fléchettes dans une immense pièce, avec une cheminée de ferme à un bout et un perpétuel chantier à l’autre, avec ses copains anglais éleveurs de chevaux, et moi, petit architecte timide arrivé de Paris dans ma Honda Civic blanche (c’est quoi cette bagnole de secrétaire, p’tit gars?). Des fois, après un vernissage épique, on allait au village. Au bistrot de Colomby. Les gars du bistrot essayaient de m’apprendre le patois. « Non, tu déconnes, c’est pas ça du tout, c’est pô du patoué d’ici, ça, c’est d’la Hague… ».

Régis me faisait refaire une deuxième séance de kazatchok endiablé, sur de la musique russe, un soir de fête, avec Pierre Olingue, les appareils photo à la main… « Tu nous en refais une, p’tit gars ? On n’a pas pu prendre LA photo… »

Régis m’embarquait sur son Kelt 760, un matin, dans le Port Chantereyne, en regardant le ciel. « Ils se sont complètement plantés, à la météo… Il fait un temps de curé ! On ira pêcher quelques maquereaux, t’emporteras ça à la capitale, hein, p’tit gars ? » La météo ne s’était pas trompé, et c’est sous grand-voile seule et moteur à fond, ciré jaune sur le dos et jean, slip et chaussettes trempées qu’on rentrait dans le port, chassés par un grain mémorable, en chantant « c’est pas l’homme qui prend la mer… »

Quoi, ben il y a mille choses ! Il y a vingt et quelques années, ou cent et quelque, je ne sais pas, rue Marcadet, à Paris, qu’il m’a fait gouter des huîtres. « T’as pas besoin de couteau à huîtres, p’tit gars, c’est pour les parisiens, ça. Je vais te montrer, c’est mieux à l’opinel. » Une autre fois, il a débarqué avec Jacques Aubert, une sacoche de coquilles Saint Jacques. « T’aurais un peu de safran ? Puis du beurre ? ».

Régis me racontait ses projets d’achat d’un Sun Fizz, au printemps 2013, avant que Roz Avel appareille depuis Arzal, direction La Corogne. C’est la dernière fois que je l’ai vu, qu’il m’a fait la bise, avec la même voix que je lui avais toujours connu. « Ça va, p’tit gars ? ». Lui, je l’avais trouvé bien. Plein de projets. Plein de vie. Comme d’hab. Nous, on récupère les boites de notre régulateur d’allure. Puis on file vers notre bateau. On appareille, Le Crouesty, Le « Gascogne », Gijon, La Corogne…

Je n’avais plus de nouvelles depuis quelque temps, et l’été dernier je lui ai écrit un mail. « Hombre, qué tal? Quoi de neuf par chez toi ? » Il m’a raconté des problèmes d’arthrose virulente, de mal de dos. Il en avait depuis quelque temps, des arthroses, des maux divers… il écrivait aussi quelque chose qui, à l’époque, ne m’avait pas fait tilter au point ou ça aurait du. « résultats, [qui] d’après le médecin, vont imposer une solide résistance psychologique ! » Il me parlait d’être obligé de rester dans un fauteuil, a faire des mots fléchés, que son bateau, on l’appelait maintenant « le rest-à-quai », je pensais à tout ça moi, pour la résistance psychologique, lui qui avait tellement la bougeotte… J’avais promis des mails plus souvent… mes petites misères à répétition ont fait que j’ai pensé à autre chose, que j’ai eu la tête pleine de conneries qui, pour l’heure, me paraissaient importants. J’attendais… je ne sais pas ce que j’attendais. Une connerie de plus…

Il y a quelques jours, j’ai écouté pour la deux centième fois une chanson d’Allain Leprest. « C’est drôle, des fois il a la même façon de parler que Régis », j’ai pensé, comme à chaque fois. Une connerie de plus…

« Quel con a dit « y a rien qui s’passe »… Tiens, faut vraiment que je lui écrive… ça tarde un peu, cette histoire de bouquin, je lui enverrai un mot… le bouquin suivra.

Maintenant je sais pourquoi il me manquait un peu plus, depuis deux mois.

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Régis avec Bogdan, à Quettehou, été 2005

Maintenant, il va me manquer tout le temps. Et à chaque fois que je tirerai sur l’écoute de génois, je penserai à lui… dans le salon de mes parents, à Timisoara, on parlait de chevaux. Et on s’est dit qu’une fois qu’il sera retourné voir sa Normandie, on se reverra. Parce qu’on avait aussi d’autres sujets en commun, à part les chevaux. Parce qu’on s’aimait bien. Parce que c’était lui.

Maintenant, il va me manquer tout le temps. Il me manque déjà, putain de merde !

Quel con a dit…

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Père et fils, Quettehou, été 2005

Sauvetage improbable, mais réussi, en Ecosse

Je me proposais, depuis un moment, de faire un bilan de l’année 2014. Je le ferai, promis. Mais pour commencer, une vidéo – comme une petite pépite d’espoir dans la mer de haine et de violence qui a marquée le début de cette année. Un bel exemple de maitrise de soi et d’entraide en mer, un sauvetage mené de main de maitre. Une piqure de rappel – en mer, les hommes deviennent encore plus « hommes », Hommes de mer, oui, c’est comme ça que ça s’appelle.

Dans les autres articles sur ce même thème proposés par mon blog de culture maritime favori, Escales Maritimes m’avait sélectionné une autre vidéo de sauvetage, une image d’un de ces braves bateaux norvégiens dessinés par Colin Archer, évoluant à la voile en pleine mission. Beauté des manœuvres, puissance des lignes du bateau, maitrise de l’équipage. Un autre argument qui se rajoute au précédent. L’article est ici (je n’ai pas trouvé l’astuce pour rebloguer deux articles en même temps…)
Merci à Escales pour tout ça.

Escales Maritimes

Cette courte vidéo montre une situation dramatique. Le chalutier irlandais Luda Boafa n’a pas échappé au fort gros temps qui sévissait au large de l’Ile Lewis (Ecosse). La mer l’a chaviré, il va couler. Cinq hommes se débattent dans une eau très froide. Il faut faire vite.
L’hélicoptère de sauvetage intervient de justesse et sauve un à un les membres d’équipage. On remarquera la maîtrise du sauveteur qui guide le câble du treuil malgré un ballant important. Du beau travail qui fait honneur à la solidarité (efficace) des gens de mer.
(Source : site du Telegraph – La video n’est pas sonorisée – Voir en plein écran)

Voir l’article original

Le banc de menteux… en toute sincérité

Depuis qu’il est né, je suis ses aventures, avec un tremblement au bout de la souris à chaque publication. Je viens d’apprendre que son papa est aussi son illustre illustrateur (bravo). Son humour et son talent de se fourrer dans les situations les plus cocasses et d’en sortir avec grand panache me donnent du coeur à l’ouvrage, lorsque j’arrive dans des mers inconnues, mal pavées et avec des sables mouvants plein les estuaires (non, je ne parle pas de politique là…). Bravo Planchet, Bravo Kerdubon. Et à mes lecteurs, mettez Escales Maritimes dans vos favoris, c’est une source de savoir inestimable.

Bon vent à eux tous
Le « Patrón » de Roz Avel

Escales Maritimes

Une précision qui intéressera sans doute les (nombreux) inconditionnels de Kerdubon, personnage devenu au fil du temps une sorte de mascotte d’Escales Maritimes. Planchet, son père naturel est aussi l’auteur des illustrations qui accompagnent « le banc des menteux ». Heureux homme qui manie aussi bien l’humour que le pinceau, pour nous offrir ses pochades succulentes toujours hautes en couleurs. Il faut aussi savoir (ça se sent dans ses chroniques) que Planchet est d’abord un grand professionnel de la mer, un homme libre, et un plaisancier bercé depuis toujours par la longue houle du large.
Je propose un toast à sa santé, suivi de la double pour tout le monde. On lui doit bien ça. Merci Planchet !
Aramis

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